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Lettre à mes proches

7 mars 2009

S'il m'arrive malheur, voici ce que j'aimerai que

S'il m'arrive malheur, voici ce que j'aimerai que quelqu'un lise à mon enterrement.

"Je vous vois. Ne riez pas, je vous vois vraiment.

Que vous soyez ma famille, mes amis, proches, ou moins, je vous vois. Ou je vous ai vu, dans mon imagination, c'est même pour ça que je vous écrit ces quelques lignes, que celui qui voudra bien se coller à ce difficile exercice lira.

Grace à vous, je ne suis pas mort. Je suis là, dans un coin de votre esprit. Une phrase, un souvenir, une geste, que sais-je encore, le puzzle de vos émotions et des souvenirs que nous avons tous ensemble fait qu'il n'y a de mort que le terme clinique, médical.

Ne riez pas, mais j'ai souvent parlé à "mes" morts. Mes grands parents, Jo, Christian, Jean-Pierre, même mes chats. Ils m'ont toujours accompagné, ils m'ont toujours appris des choses. C'est à mon tour, aujourd'hui, de m'en remettre totalement à vos mémoires, à vos esprits. Faites de moi ce que vous voulez, un fantôme, un esprit, un ectoplasme, réincarnez moi en plante, en animal, en bout de bois où bout de chiffon.

Nous allons encore partager des choses, tout ne s'arrête pas ainsi. Ma vie est heureuse et formidable. Profitez du temps, jouissez de l'existance et, par pitié, emmenez moi avec vous partout où vous serez heureux. Prêtez moi vaux yeux pour un bon match, vos corps pour une randonnée sous la chaleur du Sud, vos nez pour les odeurs de pins et de maquis, vos mains pour la chaleur humaine.

J'en devine qui sourient, même intérieurement.

Riez, aujourd'hui même, n'ayez pas peur de sourire. Ce n'est pas indécent. C'est que vous m'avez compris.

Je vous aime."

Et j'espère qu'il faudra au moins 60 ans pour qu'on le lise...

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7 mars 2009

La mort.

De mon point de vue, la mort n'est triste que si nous n'avons pas eu le temps de faire, de dire et de partager toutes les choses que nous aimons avec le défunt.

D'où l'intérêt de croquer la vie à pleines dents. De profiter des siens, ou parfois d'être égoïstement centré sur nos propres plaisirs. Il n'y à rien de pire que de mourir avec des regrets.

D'ailleurs, je repense à Jean-Pierre, ce soir. Quelles joies il vous aurait procuré, quels plaisirs vous lui auriez vous donné en retour. Un homme profondément bon, heureux, qui n'avait pas d'enfant et dont j'espérais quelquepart qu'il aurait été une sorte de troisième grand-père pour vous. Aujourd'hui encore je n'accepte pas le fait qu'il n'ait pas connu Emma. Ma détresse le jour de ses obsèques tenait en ce "simple" regret : je ne verrai jamais Jean Pierre tenir ma fille à bout de bras, la faire rire aux éclats comme il savait si naturellement le faire.

Etrangement, j'ai moins de peine lorsque je repense à Jo ou Christian. D'une part parce que je garde un lien avec ce dernier, et d'autre part parce que, au fil du temps, je réalise que Jo avait certainement fini de me transmettre tout ce que je devais savoir. De ce qu'il savait et de ce qu'il m'expliquait, seule sa science de l'observation des étoiles m'a échappé. Mais de la connaissance et du ressenti des équilibres et des énergies naturelles, de cette attention à porter au monde du vivant, de cette indispensable capacité à faire de la solitude une force, je n'ai rien oublié.

Christian, lui, avait ce pouvoir de "magnétiser". Je découvre aujourd'hui avec stupeur que cet aspect si irrationnel et fascinant des capacités du corps humain est aussi en mes mains. JC'est une chance. J'ai la certitude qu'il me l'a transmise.

Ma croyance est la suivante : tout dans le corps humain est affaire d'impulsions électriques, et que l'échange de ces influx d'un corps à l'autre est une des solutions pour appaiser les tensions, les douleurs, les crispations. Avec une capacité d'empathie renforcée d'une réelle concentration, et avec une connaissance de l'anatomie et de la mécanique du corps humain, il devient possible d'exploiter ce que certains prennent pour un don.

Sauf que ce n'a rien d'un pouvoir surnaturel. Cela nécessite juste une très grande connaissance de soi, et une faculté à se mettre à la place de l'autre. Deux choses qui firent de Christian un sportif accompli. Deux choses que je n'ai compris que tardivement, mais qu'il m'a donné au fil de ses combats.

Tout cela mes enfants, je vous l'apprendrai. Parce que Jo et Christian me l'ont appris.

Vous avez la chance d'avoir tous vos grands-parents qui, eux aussi, vous confieront des valeurs. Et Jean-Pierre en aurait eu tant à vous donner. Il aurait été parfait...

29 novembre 2008

Transmettre.

C'est la tâche la plus ardue qu'il me soit astreinte de par mon rôle de père. Je crois qu'intrinsèquement, nous cherchons tous, à travers le fait de devenir parents, à transmettre ce qui nous paraît fondamental : des valeurs, des histoires, des buts à atteindre.

Qu'ai-je donc à vous transmettre?

En premier je dirais la capacité à atteindre le bonheur. J'aimerai que vous connaissiez un jour ce sentiment de pleinitude, de joie intense, de communion et d'accord avec soi même que j'ai eu le privilège de ressentir en certains lieux et certains moments...

La Corse, à Bogli.

Le Loir-et-Cher, aux Poirières.

La Catalogne, à Rassiguères, entre autres.

J'ai la certitude cruelle que ce n'est pas en ces lieux-là que vous serez le plus heureux. Soit parce que vous ne les connaîtrez jamais, soit parce que, comme je le crois, le lien entre l'individu et une terre est propre à chacun.

Déjà faut-il avoir la sensibilité et la capacité nécessaires à percevoir les forces, les flux, les magnétismes, toutes ces choses irrationnelles qui existent pourtant et qui, au fil de mon expérience et de mon apprentissage des choses du vivant, me sont apparues comme bien réelles. Au delà des éléments matériels, des relations humaines et des réussites diverses, ce sont bien ces bases là que je souhaite vous transmettre.

Tout commence par l'éducation au respect du vivant, l'éducation à l'esthétisme des paysages, et l'éveil des sens. C'est par là que mes deux guides, mon père et Jo, ont commencé. C'est par là, je l'espère, que je débuterai avec vous.

Vous transmettre cet intense plaisir que de s'assoir en haut d'une butte, d'une coline, d'une montagne, et d'admirer le spectacle qui s'offre à nous une fois en haut.

Vous transmettre le goût des parfums du Sud, ceux des maquis, des pins, des figuiers qui vous pénètrent et vous embaument.

Vous transmettre et vous initier à toute la complexité du toucher, car vos mais sont à la fois celles qui diffusent et celles qui captent l'énergie de la vie.

Vous transmettre les richesses des saveurs sauvages, et cette capacité à déguster tout ce que la nature vous offre pour peu que vous sachiez l'exploiter.

Vous transmettre la faculté d'écouter la nature et d'y trouver, dans ses silences ou ses vacarmes, d'inepuisables sources de repos.

Ce sont là quelques unes des bases de ce que je suis, en tant qu'être. Des valeurs refuges auprès desquelles j'ai la certitude d'y trouver soin et repos, quelles que soient mes fatigues et mes blessures. Elles m'offrent un extraordinaire bouclier contre toutes les agressions, petites ou grandes, de la vie. Que j'aimerai qu'à votre tour, ma femme et mes enfants accèdent à ce puissant privilège qu'est la certitude absolue de trouver forces, repos et sérénité en des endroits et des contextes précis.

L'égoïsme de l'invulnérabilité, la certitude que rien ne peut avoir de prise sur vous puisque vous maîtrisez votre capacité à vous ressourcer, voilà certainement une des clefs pour s'épanouir. J'ai cette chance fabuleuse de l'avoir découverte à temps, et j'espère vous montrer à vous aussi, mes Amours, le début de ce chemin vers le bien-être qui vous sera propre ; qui ne pourra ressembler au mien.

Quand je serai mort, si vous voulez me retrouver, il vous suffira d'aller à la maison des Poirières, sur la propriété de Bogli, sur le chemin de la Tour de Trémoine ou dans le lit de l'Agly, en aval de Cases de Pene. Car si l'âme d'un homme se définit tel que je le crois, et tel que je vous l'expliquerai plus tard ici même, j'ai la certitude que la mienne se trouvera là-bas, que je vous y parlerai, pour vous répondre, vous rassurer, vous aimer comme j'essaiera de la faire jusqu'à mon dernier souffle.

Pour continuer à vous transmettre...

27 novembre 2008

D'abord je tiens à rassurer ceux qui me liront :

D'abord je tiens à rassurer ceux qui me liront : je n'ai aucune envie suicidaire lorsque j'évoque le fait de laisser un message "au cas où". J'aime trop la vie pour être ne serait-ce qu'effleuré par de telles hypothèses.

Mais l'âge et l'expérience aidant, je m'apperçois que nous ne sommes pas éternels, et que chacun d'etre nous qui laisse partir un proche se dit qu'il n'a pas eu le temps de lui confier telle ou telle chose, de la partager, de la lui expliquer.

Si par malheur, la maladie, l'accident, le fait divers vient à me soustraire aux miens, je souhaite laisser à Emma et Antoine, à ma femme, mes parents, mes intimes comme une sorte de mode d'emploi de la vie telle que je l'ai vécue.

Si je sais par où je commencerai, l'adresse du blog en témoigne, j'ignore où cette réflexion me mènera. Quoi qu'il en soit, c'est par la Corse, la Catalogne et les vignes de Mesland que débutera le cheminement.

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